top of page

L'Abbaye d'Abondance

 

HISTOIRE DU SITE

Riche et prospère, l’abbaye est l'une des plus influentes du diocèse de Genève jusqu’à l’arrivée des abbés commendataires (abbés tenant une abbaye en percevant des revenus).

Les premiers religieux arrivent à Abondance au XIème siècle. L’abbaye est alors fondée en 1139.

S’en suivra une période d’apogée qui durera jusqu’au régime de la Commende en 1433, il s’agit de la nomination d’abbés bénéficiaires par le pouvoir. A la suite de ce nouveau régime, c’est le début de la décadence de l’abbaye.

Entre 1606 et 1607, François de Sales intervient et renvoi les chanoines et installe des moines cisterciens.

L’abbaye fermera définitivement en 1761. Elle sera ensuite occupée par des privées au XIXème siècle. C’est en 1875 que la première phase de classement du site se fera au titre des Monuments Historiques. Elle sera ensuite rachetée progressivement par la commune.

L’architecture

Le climat et le relief ont joué un grand rôle dans le choix du site d’implantation de l’abbaye. Elle est située sur le grand chemin de la vallée, protégée des vents du nord par le mont Jorat et des débordements de la Dranse par un escarpement. Ainsi le terrain occupé n’empiète pas sur le  domaine agricole, indispensable à l’économie de l’époque, et le site invite au recueillement.

Le plan obéit à des règles pratiques et concilie mode de vie des religieux et aléas climatiques :

  • Du côté nord, l’église protège le cloître,

  • Au sud, le monastère abrite les cellules des religieux, le chauffoir et le réfectoire,

  • A l’est, se situe la sacristie, la salle capitulaire, une entrée de service pour la cuisine,

  • A l’ouest, l’entrée officielle et les logements des hôtes de passage,

  • Enfin, le cloître met en communication les différents corps de bâtiment, et permet la circulation quel que soit le temps et constitue un lieu isolé propice au recueillement et à la prière.

P1010086.JPG

On suppose que les chanoines entreprirent une première phase de construction de l’abbaye entre la charte de donation de 1108 et la fondation d’une filiale à Sixt en 1140.

 

L’église et le monastère actuels, datent de la fin du XIIIème siècle, le cloître du début du XIVème siècle. De l’édifice roman ne resteraient que quatre colonnes situées dans le chœur de l’église et l'une dans l’ancienne cuisine.

 

Dans les années 1980, les pères Claude Châtelain et Georges Baud pensent avoir identifié les vestiges d’un cloître roman dans la galerie sud : seule une campagne de fouilles pourrait éclaircir cette question.

Des reconstructions successives dues à trois incendies ou à des aménagements pratiques, ont sensiblement modifié les bâtiments primitifs : l’église a perdu sa nef, reconstituée en partie à la fin du XIXème siècle. Le cloître perd sa galerie nord, sans doute au XVIIème ou XVIIIème siècle, l’ensemble du monastère a été reconstruit à la fin du XVème siècle puis au XVIIème siècle, lui adjoignant une tour dans l’angle sud-est.

  1. Le Cloître

Les peintures murales

Le personnage de Marie est omniprésent à l’abbaye. Vers 1430, le cloître est orné de 24 peintures représentant le cycle de la vie de la Vierge. Cette présence témoigne de l’importance de la dévotion à Marie chez les chanoines augustins, et plus généralement de son culte dans la Savoie médiévale.

Amédée VIII a très probablement joué un rôle capital dans la réalisation des peintures murales. Proche de Guillaume de Lugrin, Abbé d’Abondance, il aurait missionné un atelier proche de Giacomo Jaquerio. Il est le chef de file d’un atelier piémontais, qui peint à Genève, Thonon et Turin. A Abondance, les peintures sont plus probablement l’œuvre de ses disciples.

Une particularité des peintures d’Abondance : les frises aux motifs géométriques et floraux, ainsi que l’emblème de la Savoie, témoins d’une cohérence et d’une unité de réalisation.

Les sculptures

La « Porte de la Vierge » est une entrée sacrée, elle permet un accès direct à l’église depuis le cloître et est encadré de sculptures. Le tympan est orné d’une Vierge en Majesté. De chaque côté de la porte, deux statues-colonnes représentent, à gauche, une allégorie de l’Ancien Testament, la Synagogue, et, à droite, une allégorie du Nouveau Testament, l’Eglise.

La statue de gauche est donc représentée les yeux voilés symbolisant l’ignorance, c’est-à-dire que Jésus n’est pas reconnu comme le messie.

 

Les clés de voûtes sont ornées des signes du zodiaque ou des travaux des mois.

Les culots sont sculptés de grotesques, de danseurs, d’acrobates ou de motifs végétaux.

La couleur occupe une place prépondérante au sein des constructions à caractère religieux à l’époque médiévale. Obéissant à cette caractéristique, le cloître était riche en couleurs. Toutes les sculptures et voussures étaient peintes dans des tons ocrés. Les voûtes étaient peintes en bleu et étoilées.

Le bâtiment conventuel : l’organisation interne et les étages

On accède au premier étage par une porte s’ouvrant dans la galerie orientale du cloître. A ce niveau, un large couloir distribue neuf cellules individuelles des moines. Elles sont voûtées d’arêtes en tuf, refaites après l’incendie de 1633. Elles sont pourvues d’une petite fenêtre s’ouvrant sur la façade méridionale et on y entre par une porte étroite et basse.

A l’est, se trouve le chauffoir, c’est une pièce haute et voûtée pourvue d’une large cheminée, située au-dessus de la cuisine. Son usage était réservé aux travaux des copistes.

L’aile orientale abrite la salle capitulaire où se tenaient les réunions et assemblées des moines. L’aile ouest comprend la porte principale réservée à l’accueil des visiteurs.

Au second étage, la même organisation que le niveau inférieur avec un couloir distribuant neuf cellules et une infirmerie.

La vie quotidienne des chanoines et des moines cisterciens

Après 1108, Ponce de Faucigny est chargé d’écrire la règle du monastère d’Abondance. Il porte son choix sur les textes de Saint Augustin qu’il trouve les plus adaptés à des chanoines « qui doivent tout leur temps à la pratique de l’oraison, à la psalmodie et au service des autels ».

Saint Augustin est un des Pères et Docteurs de l’Eglise ; évêque d’Hippone au IVème siècle, il vivait avec un nombre important de clercs à qui il imposa la vie communautaire, la pauvreté et la pratique de la perfection chrétienne.

Plus tard, en 1139, au Concile de Latran, le Pape Innoncent II ordonne à tous les chanoines d’adopter une règle, basée sur les écrits de Saint Augustin. Cette règle, moins rigide que celle de Saint Benoît, est adoptée par la plupart des chapitres de collégiales ou de cathédrales. C’est le cas de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune en Suisse.

Quelques extraits de la règle écrite par Ponce de Faucigny : « aimer le Seigneur, leur Dieu, de tout leur cœur ; éviter le mal et faire le bien, éviter l’abus de sommeil ; éviter la discorde entre eux ; conserver le corps à l’abri des souillures de la chair ; aimer le jeûne ; assister les pauvres ; ensevelir les morts ; porter secours aux malheureux ; s’appliquer aux psaumes ; prendre les repas dans le même lieu sauf pour celui qui serait empêché par la maladie […] ».

Leurs journées se partagent entre études, travaux domestiques et prières. L’objectif des cisterciens : parvenir à la sainteté en laissant la grâce de Dieu agir progressivement en eux.

Textes et informations issus des panneaux informatifs situés à l'abbaye d'Abondance

bottom of page