Passion Archéologie
La création du domaine d'Akhénaton
AKHETATON
CONSTRUCTION ET ARCHITECTURE D'AKHETATON :
Au 13ème jour du 4ème mois de la saison de la Germination de l’an 5, Amenhotep IV se trouve avec sa suite en Moyenne Egypte, il y décrète son intention d’un nouveau projet en l’honneur de son dieu.
La première description que nous avons du site nous dit qu’il est le lieu d’apparition du dieu où la divinité peut se manifester dans le monde des humains. Il est précisé que le site a été créé par Aton et par le roi, à travers les monuments qu’il fonde il glorifie le dieu.
La décision du souverain est maintenant considérée comme la volonté du dieu. Les ordres du roi sont l’édification de diverses structures sacrées pour le dieu, la réalisation d’un complexe palatial et une nécropole pour la famille royale.
Le site d’Akhetaton se trouve dans l’hémicycle rocheux d’Amarna, le site est naturellement délimité. Aux extrémités sud et nord, ce sont les bâtiments administratifs d’où on contrôlait les allers et venues.
Au nord du site, il s’agit d’un quartier isolé structuré autour d’un palais dit « palais fluvial nord » qui est la résidence privée du Pharaon. Le palais était bordé de vastes lieux de stockage ; en face de la façade est du palais, se trouvait de spacieuses demeures privées réservées aux intimes du souverain. Puis une vaste avenue de 25-30 mètres de large reliant les monuments royaux.
L’avenue donnait ensuite sur le centre fonctionnel de la cité. Il s’y trouvait un second palais disposait de façon symétrique à une grande pièce d’eau, il comprenait une zone de culte à Aton et une salle du trône, ce palais était notamment occupé par certains membres de la famille et l’entourage du roi. Il a souvent été interprété comme la résidence de la grande épouse royale.
D’autres bâtiments officiels se trouvaient au centre-ville : le grand temple d’Aton de 229 mètres de large pour 730 mètres de long, un palais de fonction de 400 mètres de long où Pharaon accordait ses audiences publiques, un bâtiment résidentiel appelé « maison du roi » relié au palais par un pont enjambant l’avenue, un vaste quartier administratif avec les services logistiques de l’Etat, une caserne militaire, une zone de production et gestion des offrandes cultuelles et un complexe palatial dit « petit temple d’Aton » qui pourrait être le temple régulier du dieu.
Le grand temple d’Aton comporte deux étapes de constructions : au fond de l’enceinte, un bâtiment ; et à l’entrée un édifice composé de succession de cours à ciel ouvert séparées par des pylônes.
Chaque matin, le roi sortait en processions solennelles de son palais pour se rendre aux temples et palais de fonction, il passait par le temple nord pour s’unir à la reine, puis avec leurs enfants, ils rejoignaient le domaine d’Aton au centre-ville. Contrairement aux divinités, il ne se déplaçait par en barque processionnelle mais en char, symbole de la mobilité.
Les habitants, tels que des vizir ou des architectes, se trouvaient principalement dans le faubourg sud. C’est seulement à l’extérieur du domaine, que l’on retrouve le village des ouvriers où vivaient les artisans des tombes.
Le décret de fondation prévoyait une nécropole pour le souverain et sa famille, pour le taureau Mnévis et les desservants du culte d’Aton. Seul la sépulture du taureau sacré ne semble jamais avoir été réalisée.
Les tombes des nobles réparties dans la partie nord et sud de la falaise d’Amarna, elles étaient composées d’une chapelle commémorative rupestre et d’un appartement souterrain destiné à l’inhumation. Au total, 43 hypogées dont seuls 25 sont attribuables. Contrairement au décret, les propriétaires ne font pas tous partie du clergé d’Aton mais sont des membres de la cour et de l’élite.
Le reste de la population se faisait enterrer ailleurs ou à même le sable dans la plaine au pied de la nécropole des dignitaires.
La nécropole royale est implantée dans un long ouadi et le cimetière est orienté vers l’est, en direction du lever quotidien d’Aton. On retrouve quatre tombes et une cache d’embaumement. La tombe numérotée 27 est une tombe royale inachevée, peut-être pour le successeur d’Akhenaton. Les tombes 28 et 29 ont des dimensions plus étroites et ont été interprétées comme celles des femmes de la famille régnante. Le tombeau d’Akhenaton (TA 26) est plus loin et comporte un plan des tombes royales antérieures.
VIVRE A AKHETATON :
La superficie de la zone agricole est de 160 km² pour nourrir une population de 45 à 50 000 personnes. Cette population représenterait 1/30ème de la population totale de l’Egypte.
Le Pharaon vivaient dans ses divers palais. Les vestiges nous montrent des gigantesques résidences avec des éléments en pierre pour les portes et colonnes et finement sculptés d’inscriptions ou de motifs naturels. Les murs sont en briques crues parés de décors polychromes. Les peintures étaient réalisées sur un enduit plâtre représentant des scènes du palais ou d’inspirations naturalistes. Les plafonds représentaient des vignes entrelacés. Les palais regorgeaient de provisions et d’objets de luxe, des produits d’importations, du mobilier. Ils y résidaient de nombreuses concubines, épouses secondaires dans des quartiers réservés surveillés par des gardiens. Le roi prenait ses repas accompagnés de musique égyptienne ou exotiques.
Les courtisans du roi partageaient cette vie, il s’agit de la suite du souverain : les « flabellifères à la droite du roi », le « chef de tous les chevaux », le « chancelier, général du Maître du Double Pays », le « chef de la salle d’audience du Maître du Double Pays, chef du domaine d’Akhénaton », le « grand voyant d’Aton », « l’intendant du temple d’Aton, chef du double grenier de la Haute et Basse Egypte », le « chef des médecins, premier serviteur d’Aton » ou encore le « directeur de tous les ordres du Maître du Double Pays ».
Toutes les personnes exerçant des fonctions d’importance à la cour du souverain sont « scribes du roi ». Le roi avait aussi dans son entourage un « premier conducteur de char de sa Majesté, chef des chevaux dans l’écurie » et le « porte-étendard de la compagnie ».
Les hommes importants régissant la cité sont « le chef de la ville, le vizir » et « le chef des gendarmes d’Akhetaton ».
Tous ces hommes fréquentent la cour et vivent aux crochets du roi.
Les riches demeures ont des plans standards : un domaine avec des murs d’enceintes, des silos, un jardin, un puits et des quartiers pour les serviteurs. La maison est de forme quadrangulaire, proche du carré.
L’ensemble est construit sur un socle surélevé en briques crues où l’on accède par une rampe ou un petit escalier. On a ensuite un vestibule donnant accès à la grande pièce centrale où le propriétaire recevait ses visites.
Cette salle d’apparat comprenait plusieurs colonnes en bois surélevant la toiture, les murs étaient décorés de peintures et de moulures.
Cette salle servait de lieu de distribution vers d’autres espaces de la maison (stockage, cage d’escalier). A l’étage se trouvait une terrasse sur le toit et les appartements privés. On a retrouvé dans la chambre à coucher des vestiges de lit en bois, une salle d’eau avec une douches et des latrines.
