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Architecture funéraire en Egypte antique

Pour les Egyptiens, l’Homme était composé de plusieurs êtres dont chacun avait ses fonctions et sa vie propre : le corps, le ka (second exemplaire du corps), bi ou baï (l’âme, représenté sous la forme d’un oiseau) et le khou (le lumineux).

Aucun n’est impérissable, s’ils sont livrés à eux-mêmes, ils se dissolvent. La piété des survivants avait trouvé un moyen d’y empêcher. Par l’embaumement, cela suspendrait la décomposition du corps ; par la prière et l’offrande, cela sauvait le ka, qui ne quitterait jamais le lieu où repose la momie. Le bi et le khou s’en éloignant pour suivre les dieux mais y reviendraient au sein de la tombe. Le tombeau est une maison éternelle du mort. Le plan devait renfermer les appartements privés de l’âme où nul vivant ne pouvant entrer sans sacrilège.

Les mastabas

Les tombes monumentales les plus anciennes sont réunies à la nécropole de Memphis ou encore à Dahshur. La construction est quadrangulaire, souvent 10 à 12 mètres de haut, 50 mètres de long et 25 mètres de profondeur. Les faces sont inclinées et parfois forment presque des gradins.

Elles sont en briques ou en pierre. La pierre est du calcaire et est divisée en blocs (0.8x0.5x0.6). Il existe trois types de calcaire : pour les tombes soignées du calcaire blanc de Tourah ou du calcaire compact de Saqqarah, pour les tombes ordinaires du calcaire marneux de la montagne Libyque.

Pour les briques, elles sont séchées au soleil et il en existe deux sortes : la plus ancienne avec un usage jusqu’à la 6ème dynastie, elle est de petites dimensions (0.22x0.11x0.14), d’aspect jaunâtre. Elle est réalisée avec du sable mêlé d’un peu d’argile et de graviers. Pour la seconde, il s’agit de terre mêlée avec de la paille, de couleur noire, compact, moulée avec soin et de taille 0.38x0.18x0.14.

Les mastabas en pierre n’ont pas d’appareil régulier à l’intérieur la plupart du temps. Le noyau est en moellons grossièrement équarris, composé de gravats et de fragments de calcaires. Ils sont rangés sommairement en couches horizontales et noyés dans de la terre délayée ou entassée.

Pour les mastabas en briques, ils sont presque toujours réalisés de façon homogène, avec un parement extérieur cimenté avec soin.

Les murs sont nus et le mastaba contient deux portes : une réservée aux morts et une pour les vivants. Celle des morts est une niche étroite et haute ménagée dans la face est. La porte des vivants avait plus ou moins d’importance.

 

La chapelle est petite et se perd dans la masse de l’édifice. Elle était la salle de réception du ka. C’est là que les parents, amis et prêtres célébraient le sacrifice funéraire. Ils disposaient l’offrande dans la pièce principale devant l’entrée de la maison éternelle du mort, située souvent à l’ouest.

Elle est marquée par une véritable porte d’une maison ordinaire, une inscription sur le linteau commémorant le nom et le rang du maître. Sur les côtés, les figures en pied ou assis rappellent son portrait aux visiteurs.

Un tableau sculpté ou peint sur les blocs qui fermaient la baie de la porte, il est représenté assis devant un guéridon et allonge sa main vers le repas. Une table d’offrande est encastrée dans le sol entre les deux montants de porte où il recevait les mets et les boissons. Une fois que les visiteurs sont partis, le ka sortait et mangeait.

 

En principe les cérémonies se renouvelaient chaque année et tout au long des siècles. Mais après deux ou trois générations, les morts étaient laissés à l’abandon. Pour que l’offrande des funérailles conserve ses effets à travers les âges, on imagina de la dessiner et de l’écrire sur les murs de la chapelle. Si le ka se voyait représenté mangeant et buvant, il ferait de même.

Ensuite, on y joignit l’image des domaines, des troupeaux, des ouvriers et des esclaves qu’il possédait. On pouvait voir uniquement un morceau d’un animal ou alors la vie entière de celui-ci de sa naissance à sa mort. Pareil pour les gâteaux ou le pain, de la fabrication jusqu’à son offrande. La représentation des vêtements est aussi un prétexte pour introduire les fileuses puis les autres corps de métiers.

 

Quelques tableaux discrets le représente allant vers le nouveau monde, sur le bateau des funérailles. Les scènes sont variées, désordonnées mais semble n’être pas rangées au hasard. Elles  convergent toutes vers la fausse porte. Les plus proches sont les péripéties du sacrifice et de l’offrande. A la porte, le maître semble attendre les visiteurs et leur souhaiter la bienvenue.

De l’autre côté du mur se cachait une cellule étroite ou au milieu d’un couloir : le serdab. Allant de un jusqu’à quatre, ils ne communiquent pas entre eux, ni avec la chapelle. Ils peuvent être relié au monde extérieur mais le couloir à hauteur d’homme, très serré et on peut à peine passer une main. Les prêtres y murmuraient des prières et brûlaient des parfums.

Plan avec quatre serdab

Le ka a besoin d’un corps quand il est sur terre, il ne peut pas utiliser son cadavre qui est défiguré par l’embaumement. Les statues présentent dans le serdab étaient le/les corps de pierre ou de bois du défunt. La piété des parents multipliée les statues et donc multipliée les supports du ka.

 

Le mobilier présent au sein du mastaba est des plus simple : vases en albâtre pour les parfums, des godets où le prêtre avait versé quelques gouttes de liqueurs, de grandes jarres en terre cuite pour l’eau, un chevet en albâtre ou en bois, une palette votive de scribe…

Après avoir déposé la momie, les ouvriers dispersaient sur le sol le mobilier, ils muraient l’entrée du couloir et remplissaient le puit.

 Les pyramides

Le plan comporte les trois parties du mastaba : la chapelle, le couloir et la chambre funéraire. La chapelle est toujours isolée. Le sarcophage est en granit, albâtre ou basalte. Pour se le procurer, chaque roi envoyait une personne de la cour en mission aux carrière de la Haute-Egypte. Le calcaire de Tourah est utilisé pour la construction des chambres et les revêtements.

 

Une théorie a longtemps été pensé que la hauteur des pyramides était liée aux nombres d’années de règne. A chaque nouvelle année de règne, les ouvriers auraient ajouté des couches et cela jusqu’à la mort du roi. Mais les faits nous ont démontré que cette hypothèse était fausse. Exemple : la pyramide d’Ounas est la plus petite connue mais il a eu un grand règne.

Le plan de chaque pyramide était tracé par les architectes selon les instructions qu’ils avaient reçu du roi et les ressources qu’on plaçait à sa disposition. L’exécution se poursuivait jusqu’à l’achèvement des travaux.

Les pyramides devaient avoir les faces aux quatre points cardinaux mais la plupart du temps, elles ne sont pas orientées.

La pyramide de Khéops :

A l’origine, le terrain était irrégulier. Un petit tertre fut taillé rudement et englobait dans la maçonnerie, le reste fut aplani et garni de grosses dalles.

Elle garda, jusqu’à la conquête arabe, un parement en pierre de couleurs diverses. Le travail de revêtement avait commencé par le haut : la pointe est placée en premiers puis ensuite les assises.

A l’intérieur, tout était calculé de manière à cacher le site exact du sarcophage et décourager les fouilleurs. Le premier point était de découvrir l’entrée sous le revêtement qui la masquait, au milieu de la face nord, à la 18ème assise.

Après avoir enlevé les dalles, on pénètre dans un couloir incliné haut d’un mètre et large d’1,20 mètre. Le couloir descend de 87 mètres et traverse une chambre inachevée et se termine 18 mètres plus loin en cul-de-sac.

A 19 mètres de la porte d’entrée, un bloc de granit cache une entrée. Même les chercheurs, après avoir essayé de le briser, on finit par se frayer un chemin à travers la maçonnerie. Ensuite, on débouche sur un couloir ascendant qui se divise en deux branches : une horizontale vers le centre de la pyramide se perdant dans une chambre en granit à toit pointu, appelée Chambre de la Reine. Une autre continuant à monter en changeant de forme et d’aspect, il s’agit d’une galerie longue de 45 mètres et haute de 8.5 mètres en pierre du Mokatam, si polie et si finement appareillée que les joints sont extrêmement fins. Le couloir est ici en encorbellement.

Un nouvel obstacle s’offre aux visiteurs, il s’agit d’un couloir menant à la chambre du sarcophage, il était clos d’une plaque de granit. Ensuite, un petit vestibule était coupé par quatre herses en granit qu’il fallait briser.

Le caveau royal est une chambre en granit à toit plat, d’une hauteur de 5.80 mètres, longue de 10.5 mètres et large de 5.20 mètres. Aucune figure, ni inscription, seulement un sarcophage en granit mutilé et sans couvercle.

Pour empêcher le caveau d’être écrasé par les 100 mètres de pierre qui la protégeaient, il est aménagé au-dessus cinq pièces de décharge, basses et superposées. La dernière à un toit pointu formé de deux dalles appuyant l’une contre l’autre. Grâce à cet artifice, la pression centrale est rejetée sur les faces latérales.

L’usage des pyramides ne cessa pas avec la 12ème dynastie, on en connait à Manfalout, Héralli… Jusqu’à l’époque romaine, les souverains de l’Ethiopie gardèrent tinrent à l’honneur en donnant à leurs tombes la forme pyramidale.

Les plus anciennes, celle de Nouri, où dorment les pharaons de Napata, rappellent les pyramides de Saqqarah. Les plus modernes, celle de Mérouay, présentent des caractères nouveaux. Elles sont plus hautes que large, avec un petit appareil et garnies aux angles de bordures. La face orientale est munie d’une fausse lucarne qui est surmontée d’une corniche et flanquée d’une chapelle qui précède le pylône.

 

Les hypogées

Les derniers mastabas connus appartiennent à la 12ème dynastie, deux systèmes les remplacent :

  • Le premier conserve la chapelle construite au-dessus du sol et combine la pyramide avec le mastaba

  • La seconde creuse le tombeau entier dans la roche, la chapelle reste

 

Le quartier de la nécropole d’Abydos, où était enterré les générations du vieil empire thébain, est l’exemple le plus ancien du premier système. Il s’agit d’une tombe en grosses briques crues, noires, sans mélange de paille ni de gravier.

L’étage inférieur est un mastaba rectangulaire ou carré, maximum 12 à 15 mètres de long. Il se dresse au-dessus une pyramide pointue d’une hauteur de 4 à 10 mètres avec des faces revêtues de couche de pisé peinte en blanc.

Le sol étant de mauvaise qualité, il a empêché de creuser une salle funéraire, on la retrouve cachée dans la maçonnerie.

Une sorte de chambre voûté en encorbellement est aménagée au centre qui abrite souvent la momie. Il n’y a souvent aucune chapelle extérieure.

Une stèle est posée sur le soubassement ou encadre l’endroit du sacrifice. On a quelques exemples d’une avancée d’un vestibule carré où les parents se rassemblaient.

Assez rarement, on peut trouver un mur d’enceinte enveloppant le monument et délimitant le terrain qui lui appartient. On retrouve cet usage dans le cimetière de Thèbes dès les premières années du Moyen Empire.

 

Au fur et à mesure des siècles, le mastaba reprit peu à peu de sa hauteur primitive, tandis que la pyramide s’abaissa devenant un simple pyramidion sans importance. Les modèles du second genre, les plus anciens, vers la 6ème dynastie, ne sont pas très grands ni très ornés.

Le plein développement de l’hypogée se situe au cours de la période entre les rois memphites et les premiers rois thébains.

Un escalier en pierre brute menait de la plaine à l’entrée du tombeau. Plusieurs tombeaux ont un portique à l’entrée de la chapelle ou de la colonnade. Souvent, ils aplanissaient le pan de montagne selon la dimension du tombeau créant une petite plateforme.

La porte est sans cadre ou encadré de deux montants et d’un linteau. On retrouve une inscription simple : une prière, le nom, les titres, la filiation du défunt.

La chapelle n’a qu’une chambre carré ou oblongue, à plafond plat ou légèrement voûté. Quelques fois les piliers sont taillés dans la pierre donnant l’aspect d’une salle hypostyle.

L’ancienne fausse porte devient une niche pratiquée dans le mur du fond où la statue du mort et sa femme y trônent sculptées dans la pierre vive. Les parois sont ornées de scènes d’offrandes convergeant vers la niche.

Quand l’espace le permettait, le caveau tombait directement sous la chapelle.

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