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LE COMPLEXE FUNERAIRE DE HAROUA

 

 

QUI ETAIT HAROUA ?

 

Haroua était le Grand Majordome de la divine adoratrice d’Amon. Il vécut à Thèbes au début du VIIème siècle avant J.C., lors du règne de Taharka (690-664) à la 25e dynastie.

Il est bien sûr moins connu que d’autres grands dignitaires thébains mais on compte une documentation iconographique plus ou moins importante. En effet, on compte huit statues que l’on peut retrouver au Musée du Caire, de Londres ou encore au Musée du Louvre.

 

Les représentations ne nous permettent malheureusement pas de nous apporter d’informations concernant sa vie ou encore de sa carrière de fonctionnaire.

Les textes présents, au sein de son cénotaphe, dresse un portrait idéaliste du personnage. Elles énumèrent les bonnes actions réalisées.

A cause du manque d’informations sur le dignitaire, on alla raconter qu’Haroua était d’origine nubienne à cause de son nom qui n’était pas égyptien. Cette hypothèse a été abandonnée grâce au groupe statuaire du Musée du Caire où Haroua est représenté avec sa mère Nestaoureret et son père Padiamon qui portaient des noms égyptiens.

 

 

 

Les Divines Adoratrices :

 

Au Nouvel Empire, la puissance de l’Etat religieux fut si importante qu’elle divisa l’Egypte en deux. A partir de la Troisième Période Intermédiaire, le Nord était dirigé par les pharaons libyens et le Sud par les Grands Prêtres d’Amon-Rê de Karnark. A partir du VIIIème siècle, les pharaons installèrent les princesses en tant que Divines Adoratrices et Epouses du dieu Amon à Karnak. Le but était d’atténuer le pouvoir politique du Grand Prêtre d’Amon-Rê et de le maintenir sous contrôle.

Amenirdis, fille de Piankhy, fut associée à la Divine Adoratrice. A sa mort, Haroua devient alors le Grand Majordome.

 

 

 

LES REPRESENTATIONS D’HAROUA

 

1-La statue en fonctionnaire représentant Haroua avec un style imitant celui de l’Ancien Empire (photo ci-dessus).

 

2-Le groupe statuaire du Musée du Caire : Haroua est représenté entre son père et sa mère. Cette sculpture imite les modèles du Moyen Empire. Certains parlent même d’une réutilisation d’une statue plus ancienne. Les traits du visage sont idéalisés et renvoient au Nouvel Empire, ce qui confirme la réappropriation d’une ancienne statue.

 

3-Les statues-cube d’Haroua : Elles sont des œuvres assez originales et fondées sur une individualisation des traits du visage.

 

4-Statue du Musée du Caire : On retrouve la tendance au portrait avec Haroua qui est représenté avec le visage d’un vieil homme.

 

On peut en conclure que les statues représentent diverses attitudes. On retrouve des réutilisations d’anciennes statues mais aussi un goût pour la caractérisation du visage et de la création de nouvelles typologies statuaires. Les scientifiques appellent cela la « Renaissance égyptienne ».

LE CENOTAPHE D’HAROUA

 

Il se situe à Assassif face à la falaise de Deir el-Bahari. Ce lieu contient plusieurs tombes de hauts fonctionnaires comme le tombeau du Préposé Harem Djer (11e dynastie) et du Majordome de la reine Tiy (18e dynastie).

Grâce aux fouilles archéologiques réalisées par la Mission du Musée Archéologiques de Milan deouis 1996, on peut maintenant étudier l’architecture funéraire de ce « tombeau ».

Le cénotaphe mesure environ 4 000 m², il fait partit des monuments funéraires les plus vaste de l’Egypte.

Le portique d’entrée conduit à un vestibule précédant une cour à ciel ouvert flanquée de deux portiques. Le complexe poursuit avec un niveau souterrain comprenant deux salles hypostyles successives puis un sanctuaire dédié à Osiris.

 

L’architecture correspond au développement classique des sanctuaires égyptiens :

 - la succession d’une cour et de salles hypostyles s’achevant dans un sanctuaire

 - la diminution des espaces et de la hauteur progressivement

 

Le dieu Osiris est le premier destinataire du culte, on retrouve sa statue creusée au fond de la dernière pièce, mais aussi la personne d’Haroua qui bénéficie de « l’essence divine » du roi mort.

 

L’architecture montre que l’édifice est doté de multiples significations et donnant vie à un mécanisme sémiotique, c’est ce que l’on appelle « Le chemin de Haroua ».

 

L’axe central du premier niveau souterrain restitue un récit avec pour sujet l’existence d’un être humain. Le passage entre chaque pièce correspond à la vie, la mort et la résurrection.

 

Le Chemin d’Haroua :

 

Le Chemin de Haroua commence sur la paroi sud de la pièce précédant la première salle hypostyle. Il y est inscrit un « Appel aux vivants » où Haroua fait part de ses bonnes actions qu’il a accomplies durant son existence : « J’ai donné du pain à celui qui avait faim et des vêtements à celui qui était nu ».

 

La première salle hypostyle décrit le temps qui passe : le « Rituel des Heures » et le « Rituel des Heures de la Nuit ». L’emplacement des inscriptions imite la course du soleil dans le ciel : le soleil fini sa course dans l’Au-delà, il apparait à l’ouest et fini à l’est.


La deuxième salle hypostyle comprend au sud un relief d’Haroua représenté comme un vieil homme (double menton, poitrine et ventre pendant). Anubis est représenté lui serrant la main mais l’homme semble vouloir s’en défaire (ses doigts sont tendus) et échapper à son destin. Cette représentation montre la peur que chaque individu ressent devant la mort. Cette paroi est la dernière touchée par le soleil et donc représente les ténèbres qui engloutissent Haroua avec le « Rituel de l’Ouverture de la bouche ».

Ensuite la narration ralentit, elle est décrite selon les minutes voire les heures et décrit aussi les rites pratiqués sur la momie jusqu’à l’ensevelissement du corps.
Dans la tombe, le cheminement est différent car le corps se sépare de l’esprit. Alors que normalement, l’esprit continu son chemin vers l’éternité.


On accède ensuite à deux  chambres où l’on a découvert une dizaine de chaouabtis en pierre et en faïence. La présence de ces objets et de plusieurs blocs de calcaire pourrait certifier l’utilisation de cette partie comme tombe du fonctionnaire.  Mais il s’agirait d’un sanctuaire où était placé une statue d’Haroua, on l’interprète donc plus comme un cénotaphe dédié au culte du fonctionnaire et non pas son tombeau. Cette séparation était présente au Nouvel Empire avec un temple funéraire et un tombeau.

 

En plus des reliefs représentant Haroua comme un pharaon, la découverte d’un chaouabti, dans la première salle hypostyle, le représenterait avec le fléau et le sceptre dans chaque matin.

Au vu de l’importante superficie de son cénotaphe et des représentations avec les enseignes royales, cela nous montre l’importance de sa place à l’époque voire même un véritable gouverneur de Thèbes et de l’Egypte du Sud.


Selon les écrits retrouvés, il semblerait qu’il y aurait eu une sorte de dynastie de fonctionnaires, dont le plus ancien remontrait à l’arrivée des armées de Piankhy. La première personne aurait pu être le prêtre-lecteur Padiamonnebnesouttaouy, il est mentionné dans le Stèle de la Victoire de Piankhy en tant que représentation de Thèbes à côté du général nubien Peouarma.


Aucun des hauts fonctionnaires n’avait de liens de parenté, si cette hypothèse s’avère juste, le monarque aurait pris soin de promouvoir un fonctionnaire.

 

 

La pièce suivant la deuxième salle hypostyle présente un relief d’Osiris sur la paroi ouest, c’est pour cela que l’on considère ce lieu comme un sanctuaire dédié à Osiris. La paroi sud contient le relief d’Haroua et Anubis. La scène suivante montre la renaissance éternelle d’Haroua qui est représenté comme un jeune homme. Dans une niche se trouve le restant d’une statue assise d’Haroua. L’esprit achevait sa course ici et devait s’y installer pour l’éternité.

Les reliefs :

 

Suite aux fouilles de 1999, on a pu établir que les travaux n’étaient pas terminés et que l’on a abandonnait le chantier.

 

La cour est décorée d’un relief imitant le style de l’Ancien Empire. On retrouve les thèmes de la vie quotidienne notamment l’agriculture, la pêche, le berger conduisant ses troupeaux d’ânes et de béliers, des sculpteurs en train de retoucher des statues, des actions dans les marais.

 

Haroua est représenté observant ces activités. Près de sa jambe droite est représenté une petite figure d’un homme avec l’inscription endommagée mais ce personnage se retrouve dans la première salle hypostyle avec l’inscription «  Le fils de son frère, son héritier, Haroua fils de Padimaât ». La place où se trouve le neveu d’Haroua est l’emplacement destiné à l’héritier du défunt. Nous n’avons pas de connaissance de la descendance mais il serait possible qu’Haroua n’est pas eu de descendant et qu’il est fait héritier son neveu. 

Sur une autre partie du portique, on retrouve des scènes en relation avec un des piliers soutenant le plafond sur le thème de la pêche : une scène d’un pêcheur nettoyant et écaillant des poissons, une scène avec des personnes en train de pêcher. Les autres piliers sont dépourvus d’images et de textes.

 

Dans une autre partie, le registre supérieur représente une procession de porteurs d’offrandes un style de l’Ancien Empire. Le deuxième registre représente des images d’ébénistes fabriquant et transportant des meubles et coffres. Le registre inférieur est montre deux chanteurs suivies de harpiste et par une longue scène de danse.

Le cénotaphe ne fut jamais achevé et la partie nord du couloir fut élargie par Akhimenrou, le successeur d’Haroua en tant que Grand Majordome. D’autres personnes réutilisèrent le tombeau d’Haroua :

 

  • La découverte de chaouabtis en faïence appartenant à une femme de la 26e dynastie

  • Peftajouaouykhonsou, 26e dynastie, avec la découverte de sa tombe en 1999. Un puits fut creusé dans la partie méridionale du couloir entourant le premier niveau.

  • Un autre puits fut mis à jour en 2004 datant du début de la 26e dynastie

  • La tombe fut transformée en sanctuaire à l’époque ptolémaïque, l’étude la céramique nous a permis cette datation.

  • Utilisation de la tombe comme nécropole à l’époque romaine, on a découvert deux portraits funéraires romains datant du 2e siècle après J.C. Le premier portrait était associé à quatre momies, il s’agirait peut-être d’une nécropole pour militaire romain

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