Passion Archéologie
LES REINES DE L'ANCIEN EMPIRE ET LEUR PYRAMIDE
SUR LE SITE DE SAQQARAH
Récapitulatif de la conférence donnée par le professeur Philippe Collombert à l’Institut Français d’Archéologique Orientale en 2017.
Dans la nécropole de Pépy Ier, les archéologues ont découvert un ensemble de pyramides appartenant à des reines autour de celle de Pépy Ier. Malheureusement, il y a eu des pillages de pierres calcaires de bonne qualité du Nouvel Empire jusqu’à l’époque moderne, il nous reste donc la structure interne de la pyramide.
La première pyramide découverte est celle de Noubounet qui est l’épouse de Pépy Ier. Les autres pyramides découvertes sont celles de ses épouses ou de sa famille. De plus, la nécropole continue d’être utilisé plus tardivement que l’époque de Pépy Ier.
Avant les fouilles, on savait que Pépy Ier avait épousé deux sœurs Anknespépy. Les fouilles ont permis de découvrir de nouvelles reines : Noubounet, Inenek/Inti qui a été vizir, Méhaa enterrée avec son fils mort en bas âge. Les autres pyramides sont plus tardives. Les archéologues ont découvert un linteau d’une autre épouse Seboutet mais ils n’ont pas encore trouvé son complexe.
La nécropole de Pépy Ier est entouré d’une première enceinte, le complexe funéraire de la famille royale aurait aussi une seconde enceinte visible actuellement à l’ouest. Derrière cette enceinte se trouve la nécropole civile des hauts dignitaires, où les archéologues ont découvert la tombe du célèbre vizir Houni.
Le complexe funéraire de la reine Béhénou :
Le complexe se compose d’éléments similaires à ceux des autres complexes : une entrée ; une grande cour à portiques ; des magasins où l’on entreposait le matériel de culte ; une fausse porte dans la salle des offrandes devant laquelle on déposait des offrandes, surement trois fois par jour, où la défunte venait magiquement jusqu’aux offrandes ; derrière cette salle, un magasin ; une petite pyramide satellite dont la fonction est encore inconnue.
Les archéologues ont découvert des représentations de la reine avec un bas-relief et des petites statuettes. Cette reine pose problème concernant son époux. En effet, elle est nommée « épouse Pépy » mais il existe Pépy Ier et Pépy II. Il y a certaines datations qui la définirait comme épouse du Ier et d’autres comme celle du II.
A l’entrée du complexe, on trouve des tables d’offrandes où les prêtres déposaient de la nourriture pour les prêtres éternels. Ils ont découvert cent tables d’offrandes.
Dans la chambre funéraire, les archéologues ont découvert les textes funéraires des pyramides en milliers de fragments.
Le complexe funéraire de la reine Anknespépy II :
Il s’agit d’une pyramide plus grande que les autres, environ trente mètres de côté, pour vingt mètres pour les autres pyramides. Le complexe contient aussi plus de magasins que les autres.
Elle serait une reine particulière, les reliefs découverts expliquent qu’elle a été épouse de Pépy Ier. Ensuite, à sa mort, elle a épousé son successeur Mérenra Ier. Ce roi était le fils d’une autre épouse du roi Pépy Ier, surement de la reine Anknespépy I. Une fois devenue épouse de ce nouveau roi, elle eut un enfant qui sera Pépy II. Après la mort de Mérenra, Pépi II est encore trop jeune pour régner, il est alors âgé de six ans. Une statue nous représente bien la situation, il est représenté adulte en pharaon mais très petit sur les genoux de sa mère.
La présence des textes des pyramides dans sa chambre funéraire. Il se peut qu’en tant que régente, elle se soit appropriée les textes royales, qui avant étaient réservés aux rois.
En fouillant, le bas de l’enceinte de son complexe, les archéologues ont découvert un tas d’ossement de bovidés dont 250 crânes ainsi qu’un petit naos en bois avec une vache momifiée datant d’une époque tardive, il s’agit certainement d’une nécropole de vaches sacrées.
Les fouilles, de 2017, ont révélé un énorme fragment d’obélisque. Sur une face, on retrouve le cartouche de Pépy Ier et surement la titulature de la reine. En général, on retrouve des fragments d’obélisques à l’entrée du complexe, alors qu’il a été découvert ailleurs, peut-être qu’il a été déplacé par les carriers. La hauteur probable est de cinq mètres, à la différence des autres obélisques connus de reines qui sont plus petites. Il s’agit du plus gros fragment de l’Ancien Empire mesurant deux mètres cinquante.
Un pyramidion a été découvert. Dans un premier temps, les archéologues ont pensé à la pointe du deuxième obélisque qui va de pair avec le premier. Une fois totalement dégagé, ils ont remarqué la présence du système tenon-mortaise en dessous. Il n’existe jusque-là aucun obélisque connu avec cette technique, les obélisques étant réalisés en un seul morceau. Il ne s’agit donc pas d’un obélisque. Dans un second temps, après avoir découvert un fragment en granite, les archéologues ont finalement penché pour l’hypothèse d’un obélisque construit en deux parties. Peut-être un obélisque cassé où les ouvriers ont dû remonté une nouvelle pièce.
Une autre découverte a été réalisé dans les sols de l’Ancien Empire, il s’agit d’une tête d’une taille presque naturelle mais avec un très long cou. Peut-être qu’il s’agirait d’une tête d’une statue d’une reine mais elle ne correspond pas stylistiquement avec celle de l’Ancien Empire. D’après d’autres têtes découvertes au Caire, il s’agirait d’un porte perruque, le grand cou rentrerait à l’intérieur d’une base. Elle daterait du Nouvel Empire et non de l’Ancien Empire car les styles ne correspondent pas. Malheureusement, il n’existe pas de comparatif. Il existe des statuettes en bois du Nouvel Empire mais des petites et non de stature royale.
Les archéologues ont aussi découvert un texte de consécration trouvée dans le complexe funéraire du roi, il y est inscrit « Sa Majesté a agi pour elle quand elle était dans la résidence ». Il s’agirait une manière détournée de montrer que la reine était régente.
Plus d’informations sur le site : mafssaqqara.wixsite.com/mfas
Les photos de cet article sont tirées de la conférence et du site : mafssaqqara.wixsite.com/mfas