Passion Archéologie
LE LIVRE DES MORTS
SITUATION DES TEXTES :
Le Livre des Morts désigne des formules funéraires, généralement écrites sur des papyrus, du Nouvel Empire, de la Troisième Période Intermédiaire et de l'époque tardive.
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Les premiers exemples de formules du Livre des Morts se trouvent sur des linceuls et sur des sarcophages du début du Nouvel Empire, et un peu plus tard sur des papyrus et sur des parois de chambres sépulcrales.
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On retrouve quelques témoignages anciens attribués au Moyen Empire datant de la 17e dynastie : les sarcophages de Montouhotep et d'Hérounéfer.
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Les dignitaires utilisent les formules à partir du règne de Thoutmosis III.
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A l'époque amarnienne, la production du Livre des Mort est brièvement interrompue, mais on retrouve de nombreuses formules sur les chapelles dorées et sur l'équipement funéraire de Toutânkhamon.
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Beaucoup de manuscrits importants datent de la période de transition vers l'époque ramesside.
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Le Livre des Morts fait son apparition sur les parois des tombes royales dès le règne de Mérenptah.
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A la 21e dynastie, des Livres des Morts écrits en hiératique font leur apparition, mais on retrouve toujours des exemplaires en hiéroglyphes cursifs. Il est fréquent qu'ils soient enfermés dans une statuette d'Osiris.
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Après la 22e dynastie, l'emploi du Livre des Morts tombe dans l'oubli.
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Mais la 26e dynastie lui donne un nouvel essor avec de nouvelles formules et une canonisation de l'ordre des chapitres.
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Des formules réapparaissent aux parois des tombes et sur les sarcophages, ainsi que sur des bandelettes de momies à partir de la 30e dynastie.
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Nouvelle efflorescence se prolonge jusqu'à l'époque romaine qui a livré une version écrite en démotique.
Tout comme les Textes des Sarcophages, les formules sont destinées à tous, répandues chez les dignitaires et leurs proches. La formation de nouvelles formules de textes funéraires royaux est reprise sur les équipements royaux : le linceul de Thoutmosis III et le trésor de Toutânkhamon.
ILLUSTRATION DES TEXTES :
Au départ, on a quelques exemplaires de formules illustrées d'une vignette, qui est une image symbolique résumant le contenu d'un chapitre en un croquis.
Sous Thoutmosis III, la tombe d'Amenemhat (TT82) comporte deux vignettes sur les 35 formules, alors qu'à l'époque ramesside peu de chapitres sont sans vignette. A la 21e dynastie et à l'époque tardive, la vignette est souvent utilisée comme un résumé d'un chapitre entier et apparaît sans texte. Dans de nombreux manuscrits, les vignettes sont en rangé et le texte est placé dessous.
Du Nouvel Empire à la Basse Epoque, les vignettes sont peintes de couleurs variées, alors qu'à l'époque ptolémaïque et romaine elles sont sans couleur.
DECOUVERTE DES TEXTES :
CHAMPOLLION s'est occupé du Livre des Morts à Genève et à Turin, il employait la désignation de "Rituels funéraires". En 1842, LEPSIUS a édité le manuscrit de Turin datant de l'époque ptolémaïque et introduit le terme de "Livre des Morts". En 1872, DEVERIA publia le papyrus de Nebqued.
En 1874, la publication d'une édition est confiée à Edouard NAVILLE mais il se limita aux manuscrits du Nouvel Empire au vu de l'abondance des textes, il recense 71 exemplaires. Son édition parue en 1886 et restera l'édition standard du Livre des Morts.
En 1881, PLEYTE publia les manuscrits de la Basse Epoque.
COMPOSITION DES TEXTES :
Les formules sont séparées par des titres écrits en rouge ou parfois par des post-scriptum en rouge, et par des lignes doubles dans les manuscrits. LEPSIUS a divisé en 165 chapitres le manuscrit de Turin.
Sur les papyrus et sur les parois des tombes, une forme cursive des hiéroglyphes est employée, c'est une forme intermédaire entre l'hiératique et l'hiéroglyphe. La langue est toujours le Moyen Egyptien classsique.
Avant l'époque ptolémaïque, les formules n'ont pas d'ordre définitif. C'est à partir de la 26e dynastie que se constitue l'ordre canonique. Des doublons se rencontrent régulièrement dans les manuscrits et le nombre de formules diffère d'un manuscrit à l'autre.
CONTENU DES TEXTES :
Le Livre des Morts sert en premier lieu à l'entretien et la sécurité du mort. Contrairement aux Livres du monde souterrain du Nouvel Empire, ce n'est pas une description mais une aide pratique et un soutien magique pour l'au-delà. L'idée d'un jugement applicable à tous joue un rôle central. Un thème est en recul par rapport aux Textes des Sarcophages, c'est celui de l'aspiration à la réunion avec les proches.
Les thèmes les plus importants sont :
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Chapitre 1 : identification du mort au dieu Thot
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Chapitre 6 : formule de l'oushebi qui active ses pouvoirs pour assister le mort
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Chapitres 15-16 : hymne solaire
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Chapitre 17 : identification du mort au dieu création Atoum
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Chapitre 18 : triomphe du mort sur ses adversaires devant les tribunaux divins
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Chapitre 25 : est destiné à éviter qu'il oublie son nom
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Chapitres 26-30 : portent sur le coeur du mort
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Chapitres 31-32 : sont dirigés contre les crocodiles de l'au-delà
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Chapitre 38 : garantit la disposition d'air
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Chapitre 44 : est destiné à éviter de mourir une seconde fois
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Chapitre 45 : arrêt de la putréfaction
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Chapitres 76-88 : transformation du mort
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Chapitre 89 : réunion du ba et du corps dans l'au-delà
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Chapitres 91-92 : assure au mort sa liberté de mouvement
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Chapitres 100-102 : permet au mort de monter dans la barque solaire
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Chapitre 108 : combat contre Apophis
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Chapitre 151 : réunit les principaux éléments des funérailles
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Chapitre 154 : aide à vaincre la décomposition du corps
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Chapitre 171 : les dieux donnent au mort le vêtement pur
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Chapitre 182 : protection et régénération du mort
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Chapitre 186 : vénère Hathor sous forme de vache
Papyrus d'Ani, vers 1200 avant J.C.
Livre des Morts en écriture hiératique, roi Pinedjem II, 21e dynastie