Passion Archéologie
LA STATUE DE DARIUS, ROI PERSE, PHARAON D’EGYPTE
Il y a 2500 ans, le roi Darius Ier dressait sa statue au bord du canal qu’il venait de faire creuser du Nil à la mer Rouge. Cette statue et les inscriptions hiéroglyphiques qu’elle porte sont une source d’information sur la nature et le niveau des relations entre la Perse et l’Egypte au tournant du VIe au Ve siècle av. J.C.
Cette statue est actuellement conservée au musée national de Téhéran, elle est conforme aux tendances artistiques de la sculpture de la période saïte, XXVIe dynastie originaire de la ville de Saïs, mais elle mélange aussi deux cultures celle perse et l’autre égyptienne.
La statue de Darius fut découverte en 1972 à Suse par la Mission archéologique française qui explorait les ruines de la capitale. Elle se situait encore à son emplacement, scellée au plomb sur son soubassement, à la Porte du palais de Darius. Elle fut installée à cet endroit suite à sa venue d’Egypte par Xerxès, au lendemain de la mort de son père en 486 av. J.C.
A la période parthe, de 247 à 227 av. J.C., elle paraît entourée de tombes d’enfants dans de grandes jarres cylindriques. La montée du tell l’a peu à peu ensevelie ce qui provoqua son brisement sous le poids des terres.
Au début de la période islamique, au 7e siècle apr. J.C., sa présence reconnue incita les habitants à la dégager et à chercher un éventuel dépôt de fondation.
Description de la statue du roi :
Cette statue est le seul exemple connu de la période achéménide, 550 à 330 av. J.C., elle mesurait environ 3 mètres de hauteur avec son socle.
Elle représente le Grand roi debout, le pied gauche avancé, le bras gauche replié sur la poitrine avec une fleur de lotus à la main, symbole de la royauté. Le bras droit pend le long du corps, la main se referme sur un court bâton.
Le roi porte la robe perse à larges manches, relevés au-dessus des pieds par des pinces passées sous la ceinture, celles-ci donnent naissance à de grands plis verticaux formant un motif de zigzag, caractéristique de la période achéménide.
Les chaussures sont ajustées sans lacets. Dans une gaine ornée de files de taureaux ailés, un poignard perse est glissé dans la ceinture. Des bracelets à têtes de bovins ornent les poignets.
La base montre le motif égyptien symbole de l’Union de la Haute et de la Basse Egypte, une représentation de 24 peuples de l’Empire. Chaque personnage est agenouillé, bras levés, en costume national et légendé avec un cartouche égyptien.
Une œuvre égyptienne :
Cette statue a été réalisée en Egypte, elle a été taillée dans un bloc de grauwacke, pierre de couleur grise, tirée des carrières de l’ouadi Hammamat.
Le roi aurait commandé à ses sujets « une image à son exacte ressemblance » malgré la tradition égyptienne qui représente le pharaon debout, assis ou agenouillé, le torse nu, portant le court pagne plissé.
On retrouve des inscriptions hiéroglyphiques comme l’éloge théologique du toi, elle use d’allusions mythologiques aux victoires de Rê sur les forces du chaos lors de la genèse du monde.
La titulature précise que Darius « a été élu pour être le maître de tout ce que circonscrit le disque solaire [...] le seigneur suprême de la terre dans sa totalité [...] lui qui est apparu en roi de Haute et de Basse-Egypte, sur le siège où Horus règne sur les vivants comme Rê à la tête des Dieux, éternellement ».
Le symbole de l’Union des Deux Terres est placé sous les pieds du toi avec celui de tous les peuples.