Passion Archéologie
LA VICTOIRE DE SAMOTHRACE
La statue a été découverte en 1863 sur l’île de Samothrace, située dans la mer Egée, dans le sanctuaire dédié aux Grands Dieux.
Découverte :
Charles Champoiseau, vice-consul de France en Turquie, décide d’entreprendre des fouilles pour le musée Impérial à Paris. C’est le 15 avril 1863, qu’il découvre les premières traces d’une statue féminine qui lui permet de reconnaître une Victoire. Il envoie les fragments en France pour restauration, elle sera présentée au Louvre en 1866.
Première présentation au Louvre
Charles Champoiseau
En 1875, des fouilles archéologiques autrichiennes découvrent et examinent des blocs formant la proue d’un navire pouvant être une base d’une statue.
En 1879, Champoiseau envoie les blocs pour essayer de les remonter et de les lier à la statue.
En 1884, Félix Ravaisson Mollien propose de restaurer les blocs manquants en les réalisant en plâtre (l’aile gauche et le buste droit). La restauration est achevée. Les bras et la tête ne seront jamais retrouvés.
Parties reconstituées en plâtre
Essai de montage des blocs
Situation de l’œuvre :
Le monument de la Victoire était disposé dans un petit édifice dont il ne reste que les fondations. Il était clos sur trois côtés et ouvert vers la terrasse. Au vu de la disposition des fondations, les visiteurs découvraient la statue de ¾. Elle fût peut-être consacrée pour remercier les dieux après une victoire navale, mais aucune inscription ou témoin littéraire n’a pu confirmer cette thèse.
Ruines du monument
Datation de l’œuvre :
Il n’existe aucune comparaison avec la statue de Samothrace. Les effets de draperies se retrouvent dans les frontons du Parthénon sur les déesses.
Le procédé de fabrication d’une statue assemblée en plusieurs parties est pratiquée dans les ateliers d’Asie Mineure, des Cyclades et du Dodécanèse.
La statue est souvent comparée à l’œuvre le Grand autel de l’atelier de Pergame et représente des centaines de dieux, déesses et Géants combattant. Les gestes, l’attitude et la vigueur des corps sont comparable à notre statue.
La date de commémoration est inconnue, de nombreuses batailles maritimes entre 221 et 197 avant J.C. se sont produites.
Au vu de ces différents éléments, la datation se tourne entre 220 et 185 avant J.C.
Déesses du fronton du Parthénon
Détails du Grand Autel de Pergame
Analyse rapide de l’œuvre :
La statue est réalisée en marbre blanc de Paros et mesure 2.75m. La base et le socle sont réalisés en marbre gris de Lartos et mesurent 2.37 m.
Elle porte une robe en tissu fin (un chîton) descendant jusqu’aux pieds, le rendu du vêtement est fluide. Elle porte aussi un manteau (himation) réalisé avec des plis plus épais que la robe.
A l’origine, elle était présentée de trois quarts et c’est là qu’elle produit tout son effet. La Victoire s’inscrit dans un triangle rectangle soutenant les formes du corps et l’accumulation des draperies. Son aile gauche donne de la dynamique à la composition.
L’épaule et le sein droit sont soulevés montrant que le bras droit était porté en l’air. Grâce à des petits fragments, on s’est que ce bras était levé, un peu écarté du corps et fléchi au coude. Malgré l’idée qu’elle tiendrait un objet dans cette main, grâce à la découverte de cette main, on sait qu’elle avait les doigts tendus.
Main droite de la Victoire
Reconstitution de la pose de la Victoire
Les pieds n’ont pas été retrouvés mais on sait qu’elle ne marchait pas mais qu’elle terminait son vol.
La base de la statue représente l’avant d’un bateau de guerre typique de l’époque hellénistique.
L’œuvre est réalisée en plusieurs morceaux ensuite assemblés. Cette technique est réalisée par les sculpteurs grecs de l’époque archaïque et jusqu’à l’époque hellénistique.
Un bloc est composé des pieds jusqu’aux seins, un pour la poitrine et la tête. Les bras, ailes, pieds et draperies sont des pièces rapportées.
Un problème d’équilibre se posait avec les ailes en porte-à-faux. Le sculpteur a découpé l’avant des ailes en gradin pour s’emboîter à l’arrière du corps.
La statue jouait un rôle essentiel dans l’équilibre du monument car sinon l’avant de la base pourrait s’écrouler.