Passion Archéologie
Architecture religieuse en Egypte antique
La construction des temples :
La brique a un rôle secondaire dans cette architecture, contrairement aux maisons, les Pharaons avaient l’ambition d’élever aux dieux des demeures éternelles avec une pierre durable pour résister aux temps et aux attaques de l’homme.
Les architraves, fût, colonnes, linteaux et montants ont quelques fois des dimensions considérables. La plus longue architrave connu mesure environ 9 mètres de long et provient de la salle hypostyle de Karnak.
Quelques temples possèdent qu’une seule sorte de pierre pour la construction, mais le plus souvent différents matériaux sont juxtaposés à proportions inégales. Les colonnes, architraves, tour de porte sont des parties nécessitant une forte résistance et sont en grès, granit ou albâtre. Dans quelques temples de Nubie ainsi que le Ramesseum, les colonnes reposent sur un massif de briques crues.
Temple Abydos possède un gros œuvre en calcaire très fin.
La pierre était taillée avec plus ou moins de soin selon son emplacement. Si le mur était fin comme les murs de refends, on la taillée avec soin sur toutes ses faces. Si le mur était épais, le bloc était dégrossis au niveau du noyau uniquement pour empiler sans trop de difficulté, seule la face visible était taillée avec soin.
Le système de construction est semblable parfois avec celui des Grecs : la pierre est souvent posée à joint vif, parfois attachée par un crampon métallique ou par une queue d’aronde en bois. D’ordinaire, la pierre est soudée par une couche de mortier. Il existe trois sortes de mortier :
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Le blanc, il est réduit en poudre, constitué uniquement de chaux
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Le gris, il est rude au touche, constitué de chaux et de sable
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Le rouge, réalisé à base de poudre de briques pilées
Pour élever les matériaux. Il existe la technique de la chèvre plantée sur une crête, elle est utilisée pour les murs d’enceintes, de refends ou pour des façades secondaires. Pour les murs de pylônes ou pour les façades principales, la technique des rampes que l’on allongeait au fur et à mesure que l’on montait les murs.
Les blocs étaient souvent retouchés après la pose car ils étaient abîmés avec la mise en œuvre. Parfois, les pierres n’avaient pas la même hauteur, ils rajoutaient des dalles complémentaires. Une fois le gros œuvre achevé, on faisait un ravalement des pierres, la reprise des joints noyés sous la couche de ciment que l’on recoloré.
Les fenêtres étaient très rare ou on trouvait la présence de simples soupiraux pour éclairer les escaliers. Les portes n’avaient que peu de relief sauf si le linteau était surhaussé. Le sol des cours et des salles était revêtu de dalles. Il n’y a presque pas d’emploi de la voûte au sein des temples.
On trouve deux types de supports : le pilier et la colonne. Le pilier est quadrangulaire et souvent sans base ni chapiteau, il est fréquent dans les tombes de l’Ancien Empire.
La colonne possède un socle, il existe trois types de colonnes :
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Colonne à chapiteau campaniforme : à l’origine, il s’agit d’un fût lisse ou gravé d’écritures et de bas-relief. A l’époque pharaonique, elle s’arrondit, le bas en bulbe est décoré de triangles enchevêtrés simulant de larges feuilles. A l’époque ptolémaïque, le bulbe disparaît souvent, sous influence grec, le fût se termine par 3 ou 5 plates-bandes superposées (ex : Edfou), le chapiteau forme une cloche garnie de rangées de feuilles, avec des tiges de lotus et des papyrus en fleurs (ex : Médamout). Un dé cubique surmonte le tout.
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Colonne à chapiteau en bouton de lotus : représente à l’origine, un faisceau de tiges de lotus dont les boutons sont serrés par un lien et forme le chapiteau. Certaines ont quatre tiges arrondies, d’autres huit. Pied bulbeux, paré de feuilles triangulaires, la gorge est entourée de 3 à 5 anneaux. Il va progressivement lisser le pourtour du fût.
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Colonne hathorique : nous avons quelques exemples de temples ancien (ex : Deir el Bahari) mais c’est surtout connu à l’époque ptolémaïque. Le fût et la base n’ont aucun caractère spécial. Chapiteau à deux étages : un bloc carré avec la représentation de la tête d’Hathor, la tête porte une corniche cannelée où s’élève un naos encadré de deux volutes. Le support n’est pas soumis à des règles fixes de proportions et d’agencements.
Colonne campaniforme
Colonne hathorique
Colonne à bouton de lotus
L'architecture des temples :
La plupart des sanctuaires célèbres (Denderah, Edfou, Abydos) ont été fondés par des serviteurs d’Hor puis ensuite restaurés, il ne nous reste malheureusement pas de vestiges de ces premiers temples pour connaître le début de l’architecture religieuse égyptienne. Les temples bâtis par les rois de la 4ème dynastie ont eux aussi laissé peu de traces.
Les temples de rois Ptolémées, thébains et césars subsistent encore et se ramènent au même type :
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Le sanctuaire est une pièce rectangulaire, petite, basse, obscure et inaccessible au public. On y retrouve une barque sainte ou un tabernacle en bois peint posé sur un piédestal ; une niche dans l’épaisseur du mur recevant certains jours la figure du dieu ou de l’animal le figurant. Un temple ne peut qu’avoir cette pièce.
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Des chambres destinées au matériel de l’offrande : fleurs, parfums, étoffes, vases précieux… Elles se regroupent autour de la maison divine.
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Des salles à colonnes, autour du bloc des chambres, lieu où s’assemblait les prêtres.
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Une cour entourée de portiques où la foule pénétrait.
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Une enceinte de briques et une allée bordée de sphinx.
Des zones successives de chambres et de cours, pylônes et portiques, s’ajoutaient de règnes en règnes.
A l’époque romaine, ils modifient l’aspect du monument en remplissant les entrecolonnements du fond pour obtenir une nouvelle salle grossière et sans ornement mais suffisante pour le culte.
A la 20ème dynastie :
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Le pylône mesure 30 mètres de long et comporte un escalier étroit allant au sommet. Quatre longues cavités présentes pour placer des mâts en bois portant des banderoles.
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La cour est bordée d’un portique avec quatre entrées latérales
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Une salle hypostyle divisée en trois nefs
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La maison divine : Le centre est entièrement isolé du reste de l’édifice par un couloir, entouré de cabinets obscures, derrière un hall à colonnes.
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Tout n’est pas plein pied, le sol se relève au fur et à mesure, se combinant avec une baisse de la toiture.
Les architectes de l’époque ptolémaïque ont changé certains détails, ils ont creusé dans les murs des couloirs secrets et des cryptes pour cacher les trésors du dieu. Ils ont placé des chapelles et des reposoirs sur les terrasses. Le sanctuaire avait avant deux portes, ils en ont laissé qu’une seule. La colonnade du fond de la cour est devenue une chambre nouvelle : le pronaos.
Pronaos d'Edfou
La décoration des temples :
Selon la tradition, les premiers temples n’avaient aucune image sculptée, le temple était nu. A l’époque thébaine, toutes les surfaces lisses sont recouvertes de tableaux et de légendes. Sous les Ptolémées et Césars, il y a beaucoup d’inscriptions de lettres et de figures, la pierre disparaît sous la masse d’ornements. Les scènes s’enchaînent, se déduisent des unes des autres et forment un grand livre mystique.
Le dallage du sol représente la terre et chaque partie recevait une décoration appropriée à sa signification. Tout ce qui touche le sol se revêt de végétation. La base des colonnes est entourée de feuilles, le pied des murs comporte de longues tiges de lotus ou de papyrus, les soubassements de certaines chambres ont des bouquets de plantes fluviales, des fleurs épanouies…
Le plafond représente le ciel, il est peint en bleu et serti d’étoiles jaunes à cinq branches, parfois mêlé avec le cartouche du roi. Les vautours de Nekhab et Ouarit (déesse du Midi et déesse du Nord) planent dans la travée centrale des salles hypostyles.
A l’époque ptolémaïque, des zodiaques grecs se placent à côté des tableaux astronomiques égyptiens. On retrouve des légendes en hiéroglyphes, des noms de rois ayant travaillés à sa réalisation, la gloire des dieux consacrés : cela illustre les rapports officiels de l’Egypte avec les dieux. Seul le roi était assez haut pour contempler le dieu du temple, le servir et lui parler. Les sacrifices ne se faisaient que par lui.
Zoodiaque de Denderah
Dans les temps pharaoniques, les tableaux n’étaient pas serrés les uns contre les autres. La surface à couvrir était limitée vers le haut par une corniche ou une frise d’uraeus, de faisceaux de lotus, de cartouches royaux et de symboles divins.
A l’époque classique, le Pharaon était considéré comme fils des dieux, le visage des dieux était modelé sur celui du roi. Les représentations des personnages secondaires étaient soignées mais distribuées sur deux ou trois registres. Les accessoires (comme les offrandes, bijoux, vêtements…) avaient une réelle élégance. Les couleurs d’une même dominance donnaient le nom aux salles : la salle bleue, la salle rouge…
Sous les Grecs et les Romains, les scènes se multiplient sur de nombreux registres. Les figures principales se contractent sur elle-même pour avoir plus de place, des milliers de hiéroglyphes envahissent l’espace. Dieux et roi sont représentés sans vigueur et sans vie. Pour les figures secondaires et pour les accessoires, on les entasse le plus possible.
La décoration avait une vertu magique. Chaque tableau était une amulette. Il assurait au dieu le bénéfice de l’hommage ou du sacrifice accompli par le roi. Le dieu était préservé contre la destruction du pan de mur.
A Louxor et au Ramesseum, un pylône représente une bataille. Ailleurs la guerre n’est pas représenté mais le sacrifice humain marquait la fin de campagne. Le sculpteur transposait l’évènement dans l’ordre : la victoire puis le sacrifice.
Les rites sont retracés sur les murs. Arrivé à la porte séparant la partie non publique, le cortège s’arrête et le roi est accueilli par les dieux. Il réalise tous les exercices religieux qu’oblige la coutume. Ensuite il pénètre dans le sanctuaire où le dieu se révèle à lui sans témoin et lui parle face à face.
La décoration représente le progrès de cette présentation mystique : l’accueil des divinités, les gestes et offrandes du roi, les vêtements qu’il revêt, les couronnes qu’il se coiffe, les prières qu’il récite et les grâces qu’on lui confère, tout est gravé.
Offrande du pharaon à Maât
Chaque partie du temple avait son décor et son mobilier. La face extérieure du pylône garnie de mâts, de statues et d’obélisques. Les statues au nombre de quatre ou six sont réalisés en calcaire, granit ou grès, et représentent le roi fondateur et parfois de taille prodigieuse. Elles montent la garde à l’avant du temple
Karnak, septième pylône, oeuvre de Thoutmosis III
Les obélisques sont placés en avant des colosses et de chaque côté de la porte, allant par paire et souvent de hauteur inégale. Presque tous les obélisques ont une base carré et des faces légèrement convexes. La base est un bloc orné de légendes ou de cynocéphales (être à corps humain et tête de chien) en ronde bosse. La pointe est un pyramidion et est revêtue de bronze ou de cuivre doré. On a quelques exemples de scènes d’offrandes gravées sur les pans du pyramidion. Souvent les quatre faces ont des inscriptions en lignes parallèles consacrées à l’éloge du roi.
Temple de Louxor
Les colosses se trouvaient dans les cours intérieurs et les salles hypostyles. Certains étaient adossés à la face extérieur des piliers ou des murs à demi engagés dans la maçonnerie. Ils présentaient le roi debout avec les insignes d’Osiris
Colosses de Memnon
On retrouve aussi des naos, petites chapelles en pierre ou en bois, où logeait l’esprit et le corps du dieu. Les barques sacrées avait un naos au centre recouvert d’un voile.
Temple d'Edfou